Roule Ma Frite 66 carbure à l’huile de friture

21 janvier 2021

Manger des frites peut-il être un acte solidaire ? Eh oui... Qui l’eût cru ? C’est le crédo, depuis plus de 7 ans, de Roule Ma Frite 66 (RMF 66). Cette association, lauréate de la Fondation Banque Populaire du Sud, récolte des huiles de friture et les recycle. Cette huile alimentaire recyclée trouve une seconde vie dans les moteurs Diesel, les brûleurs de chaudières ou bien encore dans la fabrication… de savons. Étonnant, non ? Pas pour son président, Alain Vernet, qui fait vœu, avec RMF 66, de moins polluer et d’accroître l’autonomie énergétique du territoire.

Déclic & inspiration écoresponsable. « Collégien, je collecte déjà du papier pour le revendre et ainsi financer l’achat de fournitures scolaires pour des écoles situées au Togo. Bien plus tard, c’est à Marseille que je découvre les actions menées par un collectif associatif dénommé Roule Ma Frite, qui promeut le recyclage des huiles de friture », explique Alain sur l’origine de son écosensibilité et de son engagement. À l’instar du modèle de Roule Ma Frite sur l’Île d’Oléron, Roule Ma Frite 66 (Pyrénées-Orientales, Aude et Ariège) agit pour la mise en œuvre d’un circuit court de collecte et de revalorisation des déchets de la restauration commerciale et collective. L’huile recyclée, utilisée telle quelle ou transformée en biodiesel, peut servir de carburant, ou encore de combustible pour des chaudières fioul converties à cet effet. « Depuis la création de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) Oléoval, nous prolongeons l’action de RMF 66 par la commercialisation d’une huile filante pour chaînes de tronçonneuses », poursuit Alain. Les produits de l’association sont distribués localement auprès des collectivités, agriculteurs et entrepreneurs du secteur forestier, assurant ainsi une filière régionale à moindre impact environnemental par le raccourcissement des trajets en poids lourds. Ses choix techniques se veulent également les plus sobres possibles en énergie et en ressources. Elle privilégie systématiquement le réemploi de matériels d’occasion et le choix de fournisseurs locaux.

Dimension sociale & innovation engagée. « Le choix du statut associatif, puis celui de la SCIC créée pour développer commercialement les produits élaborés, relève d’une volonté de placer le cadre de référence idéologique et la gouvernance démocratique de l’organisation au centre de nos actions… quitte à perdre en rentabilité », revendique Alain. Diminuer les émissions de gaz à effet de serre grâce à la distribution d’un combustible/carburant propre n’est pas le seul engagement de l’association, nous l’avons compris ! Elle va bien au-delà et met en place des modes innovants de transport, implique des professionnels de la restauration pour exclure huile de palme et traitements chimiques des huiles dans leurs cuisines. Mais pas seulement ! Elle a pour objectif, entre autres, de créer des emplois pérennes aux profils variés via la revalorisation de ce déchet, ou bien encore de faire évoluer la réglementation vers une reconnaissance totale des huiles alimentaires recyclées en tant que produit énergétique. Son président, Alain Vernet, n’est pas à court d’alternatives, toutes plus écoresponsables les unes que les autres… Pour que demain – à l’instar de son film-documentaire de prédilection, « Demain », qui recense dans 10 pays des initiatives face aux défis environnementaux et sociétaux du 21ème siècle – nous appartienne encore...


La « green attitude » d’Alain

Réfléchir avant toute chose à l’impact de nos actes sur notre écosystème planétaire, consommer moins et responsable, faire de la lutte contre le dérèglement climatique la priorité de notre société… Et faire sienne la citation de René Dumont – ingénieur agronome et sociologue français qui fut spécialiste des problèmes du monde agricole dans les pays sous-développés et se présenta comme candidat aux élections présidentielles de 1974 en tant que premier écologiste : « Une croissance infinie est impossible, nous n'avons qu'une seule Terre, mais une civilisation du bonheur est possible. Les solutions existent, mais l'opinion les ignore car les structures actuelles et les détenteurs du pouvoir économique et politique s'y opposent ».

Extrait du livre "Entreprendre dans le Sud en mode Ecoresponsable" édité par la Banque Populaire du Sud
(Décembre 2020).

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